Mon enfant me provoque : je fais quoi ?
Quand on est face à un enfant qui provoque, dur de ne pas réagir à chaud.
Ton enfant a le chic pour te sortir LA petite phrase qui te fait exploser ?
Ou pour faire devant toi en te regardant dans les yeux EXACTEMENT ce que tu détestes le voir faire ?
Bienvenu.e au club !
Et pourtant, on le sait, ça ne sera pas vraiment aidant.
Car un enfant qui cherche la petite bête chez nous, recherche en fait quelque chose… de bien différent : je te dis tout dans cet article.
Un enfant qui provoque cache un message dans son comportement
Et oui c’’est hyper frustrant. Énervant. Éreintant. Un enfant qui nous provoque, et arrive à trouver à chaque fois, le mot ou le geste qui nous fera sortir de nos gonds, c’est relou. TRÈS relou.
Parce qu’après évidemment, on s’en veut.
On se dit qu’on a tout fait de travers ou on en conclut que notre enfant doit avoir un problème, qu’il n’a pas compris les règles qu’on a fixées ensemble.
Et qu’on est encore loin du parent qu’on aimerait être.
Ce petit dialogue intérieur, moi aussi, je me le fais régulièrement, en général juste après avoir contemplé, désespérée, les feuilles arrachées du bananier dans le jardin, ou en passant un coup d’aspirateur sur le tapis du salon, suite au vase en verre balancé avec défiance par mon petit dernier à travers le séjour.
Alors, je te propose aujourd’hui de faire un petit pas de côté, pour t’aider à peut-être modifier le script de ce dialogue intérieur qui tire vers le bas. Ma proposition, ici, va être de t’offrir quelques clés de lecture, non seulement du comportement de ton enfant, mais également de ta réaction à toi.
Car oui : nos comportements et cette attitude d’enfant qui provoque, comportent des messages cachés.
J’ai cette conviction que quand notre enfant perd sa capacité à être coopératif, ouvert aux autres, curieux, avenant, enjoué, léger, c’est que quelque chose le tracasse.
Hier soir, je lisais une histoire à mon fils.
Dans cette histoire, le personnage principal s’était fait plein d’ennemis à cause de sa malhonnêteté, et sa pingrerie.
Je demande alors à mon fils : “ A-t-on avis, pourquoi il s’est comporté comme ça ?”.
Il réfléchit un peu et me répond très naturellement : “ Parce qu’il se sent mal-aimé !”.
J’ai souri à l’évidence que cette réponse était pour lui.
Et je crois que c’est exactement de ça dont il s’agit.
Nos enfants (et c’est pareil pour nous !) sommes avant tout des être sociaux. Nous avons besoin de nous sentir en connexion avec les autres, et de nous sentir en sécurité dans notre entourage.
Dès que nous perdons le signal de cette connexion, tout comme un portable sans réseau, nous sommes “hors circuit”, et notre comportement peut partir un peu en vrille.
Allez, il est temps de te détailler tout ça.
Que se passe-t-il quand on pense que notre enfant veut nous manipuler quand il nous provoque ?
Il y a quelques jours, je me trouvais dans le salon avec mon petit dernier.
J’étais partie en voyage deux trois jours, et à la joie des retrouvailles, avait succédé une forme de tension que je n’arrivais pas à apaiser, car j’étais moi-même assez fatiguée.
Je joue machinalement au Lego avec lui, tout en pianotant sur mon ordinateur portable (oui, j’avoue, c'est pas top, mais parfois, je me retrouve un peu coincée à devoir faire deux choses à la fois).
Clairement, mon petit sentait bien que je n’étais pas à 100% avec lui, et il y avait en lui encore une fois cette tension liée à mon absence des derniers jours.
Je le vois alors se reculer et attraper un petit cactus 🌵sur la table basse.
L’intention n’avait pas l’air très bonne, et je m’approche pour le reposer avec lui en lui disant que je ne pense pas que ce soit une bonne idée.
Et le temps que je me retourne pour m’asseoir sur le canapé, j’entends un bruit de verre, alors que le vase 🏺qui se trouvait à côté du cactus avait valsé à travers la pièce.
Bon. Là, ça ressemblait quand même beaucoup à de la provoque.
Évidemment, je n’ai pas pu m’empêcher de lâcher un “ mais quel boulet” en pensant à la joie que j’aurais de récupérer les petits morceaux de verres coincés dans le tapis en cisaille 😤
Clairement, la pente était glissante et j’étais à deux doigts de tomber dans les réactions traditionnelles par lesquelles on passe tous - et qu’on a en général appris quand nous étions petits.
Allez je te les redonne, parce que celles-là, je me dis que ça vaut le coup de bien les identifier.
▶️ Réaction #1 du Donnant-Donnant:
Ah ouais… il est relou ?
Et bien moi aussi, je vais être relou avec lui.
Je vais lui faire bien sentir que je suis hyper déçue, et je vais le laisser en bas, et faire un puzzle ou autre avec un autre enfant là-haut.
▶️ Réaction #2 de la Victime en Mal Reconnaissance :
Non mais je rêve ! je me tape de jouer au Lego avec lui pendant 20 minutes, et regarde ce qu’il fait.
Il a juste zéro reconnaissance ce gamin, c’est fou !
C’est bon, il a gagné, je ne fais plus d’effort, et j’arrête de jouer à la maman sympa !
▶️ Réaction #3 de la Leçon de Morale :
Bon, et bien je vais lui expliquer la vie :
comme quoi on va tous avoir les pieds en sang avec ses bêtises,
qu’il va falloir tooooout ramasser,
que le vase, et bien moi je l’aimais beaucoup ( un peu de culpabilisation en plus au passage, de rien, c’est gratuit)
Allez c’est parti pour un bon sermon bien vénèr de cinq minutes qu’il sente bien la profondeur de sa bêtise.
▶️ Réaction #4 de la Conséquence Plus ou Moins Naturelle :
Bon ben écoute, tu sais ce qu’on va faire ? `
On va enlever tooous les objets un peu sympas de la maison, et puis comme ça, tu ne pourras plus rien casser, ça te va ?
(Si tu connais mes podcasts, cela te rappellera peut-être une anecdote arrivée lors d’un déménagement, gros moment de transition pour nos enfants. Je t’invite à retrouver cette histoire dans l’épisode #5 Et si on parlait des transitions.)
▶️ Réaction #5 du Contrôle Continu :
Ah ouais, tu es comme ça toi.. .
Et bien je ne vais te lâcher mon coco.
Je te promets, je garde un oeil sur toi, et ça ne va pas être fun, je te le dis tout de suite.
Tu l’as compris : chacune de ces réactions nous met dans un état d’esprit qui ne va pas être forcément hyper aidant pour notre enfant.
On sent que dans les moments ou jours qui viennent, l’atmosphère à la maison sera lourde, et beaucoup moins fun.
Mais à force de voir tout le monde réagir comme ça autour de nous, bah forcément, on se demande comment faire autrement, non ?
Franchement ! Balancer un vase en verre dans un salon ! On ne va pas ne pas réagir à cette provoc quand même, si ??
Et si on changeait le script ?
Alors attention, tiens-toi prêt : je vais te faire une proposition qui va peut-être te sembler elle-même... un brin provocante.
Imagine que ton enfant, quand il te provoque, n’a en fait nullement l’intention de vouloir t’énerver exprès, ou de te faire sortir de tes gonds.
Imagine, que c’est sa façon à lui de te dire que ça ne va pas.
Si mon fils avait eu cette capacité ( que d’ailleurs les enfants tendent à développer avec le temps) à verbaliser ce qu’il ressent, j’aurais peut-être eu droit à :
“Maman, je ne t’ai pas vu pendant deux jours et tu m’as manqué. Là, on joue au Lego, mais je sens que tu es assez absente. J’ai besoin de sentir que tu es bien là avec moi et que tu ne m’as pas oublié durant ces derniers jours.”
À la place, j’ai eu un lancer de vase dans le salon 🙈
Le problème, avec cette manière de dire les choses qu’ont nos enfants, c’est que nos réactions ne sont pas forcément ajustées.
Et le sentiment de se faire manipuler par notre enfant quand il nous provoque, il est plus dur de le voir comme une réaction qui nous appartient, que comme quelque chose que notre enfant nous fait à nous.
Quand un enfant nous provoque, deux réactions sont possibles.
Prenons un exemple que tu connais peut-être bien, et qui n’a rien avoir avec tes enfants.
Tu es en plein call en Zoom, et ta connexion internet se met à faiblir. Durant ce call hyper important, tu es déconnecté.e une bonne dizaine de fois de la session, ce qui est assez ennuyant pour l’animateur qui doit en permanence t’accepter à nouveau dans la réunion.
Évidemment, tu ne suis pas très bien la réunion, et tu finis le call en présentant tes excuses les plus plates, et en te disant qu’il va falloir appeler le réparateur.
Dans ce moment-là, tu as deux options :
Soit, tu médis sur cette situation désastreuse, en veut à ton conjoint qui n’a pas réglé le problème la dernière fois qu’il a subi le même souci et en veut à la terre entière pour ce call raté.
Soit, tu as la capacité de prendre du recul sur la situation, et tu fais un reboot de ta connexion internet, tu trouves le numéro d’un réparateur et règle le problème en 24 h.
Eh bien, il en est de même face à un enfant qui provoque avec un comportement débordant et inadapté :
soit tu adoptes l’une des cinq réactions évoquées plus tôt
soit tu as la flexibilité de prendre le recul qu’il faut pour réagir à sa demande de connexion, (et tu verras dans la suite de cet article, qu’il ne s’agit en aucun cas de se montrer désinvesti ou désinvolte face à ce que vient de faire ton enfant)
Alors oui, face à un tel choix, nul besoin de t’expliquer celui qui fait le plus sens pour ton enfant. Mais ça ne rend pas les choses plus faciles pour autant, et ce au moins pour deux raisons.
Pourquoi on ne choisit pas le meilleur script à suivre, même si on le connait ?
Il y a probablement deux raisons qui rendent les choses compliquées.
La première, c’est que nos enfants sont par nature envahis et traversés par une multitude d’émotions qu’ils ne sont pas en mesure de réguler eux-mêmes. Les choses viendront avec l’âge et la maturité du cerveau, pas de panique.
Mais la meilleure chose à faire pour les y aider, c’est de leur proposer de coréguler leurs émotions.
Et là-dessus, on n’a pas vraiment le choix : quand les enfants signalent qu’ils ont besoin de nous pour “processer” leurs émotions, ce n’est jamais un super calcul de les ignorer ou de juste les distraire.
Car tôt ou tard, le problème se posera à nouveau et peut-être avec encore plus de véhémence.
Ou bien de façon plus surprenante, notre enfant peut adopter une attitude repli, perdu dans ses rêves entre son doudou, et sa tétine ; mais cette attitude n’indique en aucun cas que l’émotion est digérée.
Bref : à tout moment, que nous soyons disponibles ou pas, notre enfant peut avoir besoin de nous pour que cette corégulation des émotions s’opère.. alors que nos vies super busy ne nous permettent pas toujours d’offrir les 20 minutes d’écoute ou la routine familiale qui favoriserait tout cela.
La deuxième raison qui nous empêche d’apporter à nos enfants le soutien dont ils ont besoin, c’est tout simplement le fait.. que nous, nous ne recevons probablement pas celui qu’il nous faudrait.
Parfois je rêve d’avoir dans ma cuisine ce bouton magique 🔘 que j’activerais sur la fameuse plage des 18h-20h quand la maison se transforme en champ de bataille en fin de journée.
Je rêve alors que la sonnette retentisse.
Puis comme par magie, une petite équipe de parents débarquerait pour m’aider à consoler l’un, à faire ses devoirs avec l’autre, à jouer avec le quatrième, et aider le cinquième à se brosser les dents.
Pendant ce temps, je me prendrais une petite pause bien méritée. Malheureusement, les choses ne fonctionnent pas ainsi. Et force est de constater que notre société n’est pas vraiment équipée pour soutenir les parents à la hauteur de l’enjeu que représente l’éducation des enfants.
Du coup, comment réagir face à un enfant qui provoque ?
Alors passons aux choses concrètes.
Si tu acceptes cette hypothèse qu’un enfant qui provoque, c’est un enfant qui a un truc en lui qui ne va pas, je te propose d’agir à deux niveaux.
Probablement le plus efficace, c’est d’agir en profondeur.
Qu’est-ce que ça veut dire ? ça implique de faire du préventif. Plus ton enfant se sentira entouré, aimé, connecté à toi, et plus il aura l’occasion de décharger ses tensions à travers le rire, moins il se montrera agressif.
Et puis la question à 1000 EUR : il va falloir également agir sur le coup, quand l’agression se manifeste. Pas question de laisser les choses se faire sans réagir. Ton enfant attend une réaction face à une attitude de provocation.
Premier niveau : agir en préventif par un surcroit de connexion
Agir en préventif, ça implique déjà d’avoir bien intégré que ton enfant, quand il te provoque, ne t’en veut pas personnellement.
De la même façon que ton réseau wi-fi ne t’a pas lâché intentionnellement au milieu de ton call.
C’est à cette condition que tu pourras alors proposer à ton enfant des petits moments de connexion.
Et qu’est-ce que j’entends pas moment de connexion ?
Principalement deux outils, qui font partie de la panoplie de l’approche parentale Hand in Hand.
Tout d’abord le Temps Particulier, un outil dans lequel tu vas proposer et planifier des moments en tête-à-tête avec ton enfant.
Le but ? juste t’émerveiller de ce qu’il est et de l’univers dans lequel il évolue.
Et pas de panique : l’idée n’est pas que cela dure trois heures. Tu mets un timer sur 5 ou 10 minutes. Et pendant ce temps-là, tu te dédies à 200% à ton enfant que ce soit pour
écouter le récit exalté du volume 15 des Royaumes de feu 🐉
encourager la création d’un château improbable en Kapla 🏰
t’émerveiller du résumé du dernier match tu PSG.⚽️
Pour en savoir plus, tu peux consulter cet article qui te donnera plein d’info clés sur le Temps particulier.
Deuxième outil à ta disposition : Le Jeu-écoute, un outil pour aider ton enfant à se décharger de ses tensions légères, par le rire et le contact physique (batailles d’oreiller, cache-cache …).
Si tu cherches des idées de Jeux-écoute qui peuvent être pratiqués dans tous les moments du quotidien, n’hésite pas à télécharger les trente idées de jeu que j’ai sélectionné pour toi et qui ont été validés par tous mes enfants :
Deuxième niveau : sur le moment même, face à un enfant qui provoque
Face à mon petit garçon qui avait envoyé valser un vase dans le salon, tu te demandes peut-être comment j’ai réagi.
La première étape, a été d’éviter qu’on se fasse tous mal aux pieds. C’est l’étape de mise en sécurité. Il n’y a pas eu beaucoup de mots échangés, pas trop de stress non plus, et certainement pas de sermon. Car oui, à trois ans, mon fils sait pertinemment que ce n’était pas une bonne idée.. pas besoin de revenir dessus.
En revanche, de la tension, il y a en avait encore en lui.
Alors, la deuxième étape, a été d’interposer une limite, car il avait encore de l’énergie à revendre dans le rayon “provocation” 😡
Et là, j’ai posé un '“Non”, avec toute ma présence et mon attention (cette fois-ci, mon ordi était éteint - j’avais retenu la leçon 😅), et il a déchargé pas mal de tensions, par des cris, des grognements, en poussant, en voulant taper.
Si tu veux en savoir plus sur la façon d’interposer une limite, je te propose d’écouter l’épisode #18 de mon podcast à ce sujet : Interposer une limite : oui, mais comment ?
Et après ce moment, qui m’a paru bien long, et qui, dans l’approche Hand in Hand, se nomme Rester-écouter, j’ai senti qu’il se détendait.
Et l’épisode s’est soldé par un câlin.
Alors, je te mentirai en te disant qu’après cela tout était fini.
Des tensions, il en restait.
Aux diners, les soirs d’après, on a encore eu pendant quelques jours des cuillères s 🥄 et des fourchettes 🍴 qui valsaient.
Mais au bout de trois jours, avec un accent fort mis sur des cache-cache, des moments de Jeu-écoute, des câlins avant de se coucher, des histoires lues blottis l’un contre l’autre, et des Temps Particulier, il n’y avait plus de trace de provocation.
On avait retrouvé notre petit garçon de toujours.
Et je n’y serais pas parvenue sans l’écoute que je me suis offerte à moi aussi, à travers mes Partenariats d’écoute.
Ce qui est amusant, c’est que j’y ai abordé des thèmes qui n’avait rien à voir avec mes enfants.
Mais finalement, ç’a dû m’apaiser, car le regard que je posais sur mon fils était bien différent, et j’avais enfin le recul qui me permettait de ne plus prendre les choses personnellement.
Alors voilà.
En conclusion, j’aimerais que tu retiennes peut-être une chose dans ce que je viens de t’expliquer.
C’est que le comportement de ton enfant n’a rien de personnel envers toi.
Tu as ce pouvoir incroyable, en tant que parent, de pouvoir apaiser ton enfant quand son comportement dérape.
Mais ce pouvoir, il ne s’active que si tu as la capacité à prendre un petit peu de recul, à faire, ce fameux pas de côté que je te suggérai.
Alors prends-le. Sans hésiter. Dès que tu sens que les choses vont s’envenimer.
Seul, ou avec un Partenaire d’écoute.
Ton enfant le mérite, et toi aussi, tu le mérites.
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