Poser des limites aux enfants en les respectant : cinq erreurs à éviter
Il y a une chose que j'ai réalisée en devenant maman puis formatrice certifiée à l’approche parentale Hand in Hand.
On tombe tous un peu dans le même panneau, quand il s’agit de poser des limites à nos enfants en les respectant.
⚠️ Pas de panique : je ne suis pas là pour te faire culpabiliser 🙈
L’idée, c’est simplement de prendre conscience de ses pièges assez fréquents et bien camouflés pour progressivement les éviter.
Les cinq erreurs que je te présente ici, on a tendance à les faire, car, comme tu t’en doutes, on reproduit souvent la façon dont nos parents nous ont éduqués.
Or, avec les connaissances acquises ses trente dernières années, on sait à présent qu’il existe des manières de faire plus enrichissantes que d’autre pour le lien parent-enfant.
Je te laisse découvrir cet article, afin qu’interposer une limite devienne pour toi un outil fluide, et qui, bien loin de casser ta relation avec ton enfant, au contraire, la renforce.
ERREUR #1 : Ne pas respecter l’envie qu’avait notre enfant quand on pose une limite
Ce n’est pas parce qu’on interpose une limite que l’on a besoin d’insister sur le fait que l’envie de notre enfant est triviale.
Une limite n’a pas pour vocation à dénigrer notre petit. Tu connais peut-être ces fameuses expressions : « On n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie », ou bien « un de perdu, dix de retrouvés », ou que sais-je.
(Oui, je sais parfois les mots sortent trop vite de notre bouche, et en les entendant, on a l’impression de nous métamorphoser en nos propres parents et cela peut être un brin effrayant.😱)
L’émotion suscitée par notre refus, la frustration, ou notre limite est toujours légitime. Cela ne va pas vraiment être aidant de balayer le problème d’un revers de manche comme s’il s’agissait d’une pacotille.
Oui, il est parfois dur de ne pas sourire devant l'objet de la crise. Surtout si elle est liée à la couleur d’une tasse, au petit coin cassé d’un biscuit, ou au petit jouet en plastique qu'il a égaré.
Pourtant, aux yeux de l’enfant, c’est juste un truc énorme.
À la place, je te propose de prendre très au sérieux ses sentiments qui sont tout en bataille, et à te mettre à sa hauteur. Ensuite, tu peux lui dire : « Je suis désolée que tu ne puisses pas l’avoir, c’est réellement quelque chose qui te faisait envie », ou bien « Je comprends, c’est frustrant de ne pas avoir ce que tu veux. » Tu adapteras évidemment ce script avec ce qui fonctionne pour ton enfant et toi.
Cette connexion, que l’on offre à l’aide de mots simples, permet à ton petit de saisir qu’on est avec lui, et pas contre lui.
Cela lui envoie également le message qu’il peut se libérer de toute sa colère et de sa tristesse, et qu’on ne le jugera pas, qu'on ne se moquera pas de lui. On peut parfois ajouter aussi : « Je te remercie de m’avoir expliqué ça, je comprends mieux à présent ! ».
Il y a quelques semaines, j’ai mis quarante minutes avant de réaliser que la mauvaise humeur de mon fils de quatre ans était liée à la façon dont j’avais coupé sa pomme 🍏.
L'éclair de reconnaissance dans ses yeux, quand il m’a dit « Mais ouiiiiiiiiii ! C’est pour ça ! » suivi de mon « Ah, merci, mon grand, c’est bien plus clair pour moi maintenant ! », a permis à sa tristesse d'enfin s'exprimer. (Tristesse, qui n’avait en soi, rien à voir avec cette pomme, soyons bien clairs..)
Pas de moquerie de ma part. Rien. Juste un profond respect face à cet événement insignifiant pour moi, mais que LUI avait choisi pour se libérer de milliers de petites frustrations accumulées.
ERREUR # 2 : Confondre poser des limites et jouer au shérif
Je pense que peu de parents ont eu dans leur enfance des adultes autour d’eux qui connaissant le principe des « limites aimantes », et prenait cette expression pour rien d’autre qu’un oxymore un brin exotique.
C’est pourtant la base de tout, quand on veut poser des limites aux enfants en les respectant.
J’ai coutume de le dire, et je vais le répéter ici : offrir une limite à un enfant, c’est avant tout lui offrir un cadeau.
Or, un cadeau, ça ne se jette pas à la figure de la personne en face de soi. Ça ne s’accompagne pas de cris ou de gros yeux ou d’insulte, mais plutôt avec un vrai regard, qui est attentif. Ça se donne avec une présence, une envie de faire du bien à l’autre.
Je te propose de réfléchir à la façon dont tu es quand tu interposes une limite à ton enfant.
Il n’y a pas longtemps, j’ai souri en voyant une de mes amies se planter devant mon petit dernier, un doigt menaçant à la main, avec un « NON » très sonore et un brin terrorisant.
J’ai beaucoup aimé la réaction de mon fils, qui n’avait aucune idée de ce qui se passait, et la fixait avec curiosité et surtout beaucoup d’interrogation, en me cherchant discrètement du regard 👀.
Pourquoi ? Parce qu'il n'avait pas l'habitude à ce qu'on lui pose une limite de cette manière-là. Il savait que ça n’allait absolument pas l'aider face à la situation dans laquelle il se trouvait.
Le doigt en l’air 🫵
Le ton menaçant.😠
Le trop commun « OU sinon »…
Rien de tout cela n’a vraiment sa place, si la limite qu’on pose à nos enfants en les respectant, a pour objectif de les aider à se libérer de ses tensions, pour redevenir vraiment eux-mêmes : lumineux, coopératif et enjoué.
Donc oui, une limite peut s’interposer en chantant, en riant, et en jouant avec ses enfants. Cela sera peut-être même plus efficace.
Face à un petit bonhomme de trois ans qui ne veut pas débarrasser son assiette en sortant du dîner, et qui court vers les escaliers pour nous échapper, on peut bien sûr faire les gros yeux et lever le doigt avec un « ou sinon… »menaçant ❌ .
✅ À la place, on peut aussi
- lancer un « chat » avec lui,
- l’attraper dans ses bras en le faisant virevolter et lui dire en chantonnant « Non, non, non, on débarrasse avant »,
- puis finir en lui demandant s’il pense qu’il arriverait à saisir ses couverts la tête en bas ou pas.
Et BONUS : bizarrement, la seconde option mène à un moment du coucher beaucoup plus serein !
Avant d’aller plus loin, si tu veux mieux décoder les émotions de tes enfants, n’hésite pas à commander ton livret « COMPRENDRE LES ÉMOTIONS DES ENFANTS ».
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ERREUR # 3 : S’assurer que l’enfant se sente bien bien mal et isolé
Pas besoin de faire sentir aux enfants, dans ces moments-là, qu’il vient d’entrer dans une prison imprenable, et qu’il ne s’en sortira pas à si bon compte !
Quand on génère ce type de situation, c’est souvent que l’on a nous-mêmes vécu les limites de cette façon-là étant plus jeune.
En y repensant, c’étaient peut-être des épisodes dans lesquels on ne ressentait absolument aucune compassion de la part de l’adulte en face de nous, alors que nous nous retrouvions face à une erreur, ou au milieu d’un comportement débordant.
L’idée donc était que cela « nous fasse une bonne leçon », ou peut-être donne à nos parents la satisfaction d’avoir raison.
Alors évidemment, pas étonnant que nous reproduisions une expérience similaire avec notre enfant.
Au lieu d’« apprendre une bonne leçon », poser des limites à nos enfants en les respectant peut servir à
✨ Leur faire comprendre que nous ne les laisserons pas tomber dans les moments de leur vie ou leurs jugements peuvent mettre en danger leur santé ou leur bien-être.
✨ Les rendre confiants quant au fait que nous serons présents à leurs côtés, lorsqu’ils expérimentent, prennent leurs propres décisions, et avancent à leur façon. Les rassurer quant au fait que nous leur donnerons un coup de main là où c’est nécessaire. En particulier quand on repèrera que leur acharnement les emmène vers une fausse route.
✨ Leur permettre d’éprouver les conséquences naturelles de leurs actions, tant que cela reste sécurisé.
✨ Les rassurer que nous leur montrerons toujours de l’empathie quand ils se sentiront frustrés, blessés ou déçus par les implications de leurs actes.
ERREUR #4 : Croire que poser une limite à notre enfant n’a aucune ramification avec notre histoire personnelle
J’ai souvent constaté que mon mari et moi pouvions réagir de façon très différente au moment de devoir interposer une limite à nos petits.
Il peut m’arriver de me sentir énervée et angoissée quand un de mes fils va monter un peu trop haut dans un arbre. J’ai remarqué que mon conjoint pouvait fixer la même limite que moi, tout en étant beaucoup plus zen et détendu.
À l’inverse, je n’ai aucun problème à poser des limites à quand ils jouent avec la nourriture de leur assiette, tandis que mon mari est tout de suite beaucoup plus animé et fébrile face à cette situation.
Pourquoi, à ton avis ?
Tout simplement parce que ce que vivent nos enfants, réactive généralement en nous des brides d’expérience qui peuvent avoir été blessantes, ou que nous n'avons pas bien digéré. L’évocation de ce souvenir qui surgit de nulle part via notre enfant va déclencher des réactions qui sont parfois peu adaptées.
À la réflexion, c’est vrai que, petite, j’ai le souvenir d’avoir assisté à des chutes d’enfant, non pas du haut d’un arbre, mais d’un escalier, et qui ont fini avec l’arrivée des pompiers et un départ aux urgences.
Quand un de mes enfants prend un risque quelconque en forêt, dans le jardin ou dans un parc, cette peur est réactivée, et ma réponse s’en trouve disproportionnée.
Est-ce en soi un problème ?
Pas vraiment, si j’en ai conscience, et que j’ai l’occasion de pouvoir revenir sur ces souvenirs qui m’ont marqué, pour mieux discerner l’angoisse que ces situations avaient générée chez moi.
L’idée est qu’au final, je puisse poser une limite à mes enfants, avec autant de zénitude et de détachement que mon cher conjoint 😊
Dans l’approche parentale Hand in Hand, nous utilisons l’outil du Partenariat d’écoute pour mettre en œuvre ce travail.
ERREUR # 5 Croire que poser des limites avec ses enfants de façon respectueuse, c’est “juste” dérouler un script préétabli
Quand on décide d’adopter une nouvelle façon de faire, un nouvel outil d’écoute, on se sent un peu démuni, c’est normal, et on a souvent envie de faire les choses ‘tout bien comme il faut”.
On voudrait limite un “script” pour être sûr de faire comme il faut.
Alors, oui, il y a bien des petites indications que tu peux suivre comme
“moins tu parles dans ces moments-là à ton enfant, et mieux c’est”,
ou bien “approche-toi physiquement de lui pour interposer une limite”,
ou encore “ tu peux valider ses émotions pour lui faire comprendre que tu comprends ce qu’il traverse”.
Mais soyons clair : poser des limites avec respect à tes enfants, ce n’est pas suivre un script au mot à mot. Il n’y a pas deux situations identiques quand on doit offrir une limite à son enfant.
Et surtout, plus important que les mots qu’on prononce, c’est la présence que l’on offre qui fera toute la différence : ce sera notre capacité à nous montrer en lien avec notre enfant, en nous comportant de manière ferme, aimante, et compréhensive pour lui, après avoir bien vérifié l’état émotionnel dans lequel on se trouvait nous-même.
Interposer une limite, ce n’est pas tendre vers une sorte d’idéal absolu.
Et ce florilège de faux pas classiques quand on tente de poser des limites à son enfant en le respectant, c’est à prendre uniquement comme des balises pour t’aider à naviguer au mieux, un outil peut être nouveau pour toi.
Dans le doute, la seule chose à te rappeler, c’est que ton enfant, avant tout, ce n’est pas de perfection dont il a besoin, c’est de connexion.
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